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peintures larges, couleurs vives, mélange de réel et imaginaire
Sonia Setonou Djedatin est une artiste visuelle béninoise qui vit, transpire, se nourrit, digère, respire et peint la culture et les traditions de la ville où elle est née : Abomey. Le vodoun se manifeste et est présent dans l’univers métaphorique de Djedatin, bien qu’elle ne le pratique pas comme religion. Elle puise dans les valeurs ancestrales et dans l’imaginaire de sa ville, qui ont su résister à la colonisation, pour créer des œuvres profondément ancrées dans sa région d’origine.
Djedatin a découvert The Frame (1938) de Frida Kahlo au Centre Pompidou lors de sa première visite en Europe, en 2023 — une rencontre décisive. Depuis, elle observe et étudie régulièrement l’œuvre de Kahlo, qui nourrit ses propres recherches plastiques. Toutes deux partagent des affinités biographiques et créatives : autodidactes, elles peignent des éléments issus de la culture traditionnelle de leurs pays d’origine, aplanissent l’espace pictural pour affirmer la surface comme lieu d’expression autonome, et emploient une palette de couleurs vibrantes.
De plus, Djedatin mobilise des techniques empruntées à l’expressionnisme abstrait américain, notamment l’abstraction gestuelle et le dripping. « Il m’arrive souvent de peindre à même le sol. Cela me permet d’être libre dans mes gestes et plus proche de la matière », confie-t-elle. Elle entretient une relation vivante avec ses œuvres, qui « lui parlent » et lui indiquent le sens à leur donner, la matière à y apposer pour en enrichir la texture. Les cheveux de la pratiquante du vodoun Houegbonou ont ainsi été créés à l’aide d’une éponge organique. Par la superposition de textures, de motifs et de gestes, l’artiste construit des paysages habités de présences humaines, où la puissance et la fragilité s’entrelacent dans une même quête de sens, d’identité et de transmission.
Dans son interprétation de Yebiosso, divinité du tonnerre, Djedatin opère un déplacement symbolique majeur : elle choisit de représenter cette puissance céleste sous les traits d’une femme. Ce renversement, loin d’une simple transposition de genre, ouvre un espace de réflexion sur la force créatrice et la multiplicité des énergies. En féminisant le dieu du tonnerre, l’artiste transforme sa peinture en un lieu où le féminin incarne la puissance, la transformation et la lumière du monde.


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