Une exposition duo de Aza Mansongi et Folake Idowu
Vernissage le 1er Novembre 2024 de 18h à 20h en présences des artistes
À découvrir jusqu'au 21 décembre 2024
Texte de Samia Tawil
L’exposition défier l’ombre présente le travail de deux artistes investies dans une réflexion identitaire qui cherche ses marques au creux de sociétés en mutation. Elles abordent à travers leurs toiles les maux et contrastes de notre époque, et ravivent chacune à leur manière les mémoires d’un passé dont certains croient pouvoir faire sans. Ici, les racines sont revendiquées, célébrées, et à travers celles-ci, le droit à une identité plus ancrée dans la complexité de sa réalité, choisie plutôt qu’imposée. Les femmes, souvent sujet central récurrent dans leurs toiles, se font l’expression de cette affirmation, défiant le tiraillement que créent en elles les injonctions contradictoires de leurs sociétés, en leur apposant un optimisme presque radical.
Chez Aza Mansongi se peint une frénésie. En y regardant de plus près, les réalités de certaines luttes sociales et combats intérieurs se dessinent dans chaque toile, par exemple l'inégalité d'accès à la technologie ou la nécessité pour les femmes de vendre leur corps pour survivre.
Les couleurs vives et le dynamisme de ses toiles font néanmoins subsister un optimisme dans chacune des situations dépeintes. La spontanéité dans laquelle elles s’inscrivent jette un pont entre le sujet et l’objet, par l’attendrissement qu’elles suscitent. Un effet exacerbé par l’omniprésence de ces yeux, des regards transperçants qui nous rappellent à une urgence dont on se fait témoin malgré nous. L’urgence de vivre.
Les portraits brodés de Folake Idowu nous confrontent sans détours à des regards qui en disent long.
Des portraits de femmes fières, confiantes, indépendantes, mettant au défi le regard que l’autre appose sur elles. Souvent invisibilisées ou stéréotypées, elles s’imposent ici dans tout ce qu’elles sont. Par leurs coiffures traditionnelles parfois inspirées d’anciennes photos, Idowu dénonce la perception occidentaliste exotisante qui plonge les femmes noires d’aujourd’hui dans une dualité entre identité profonde et identité de façade. Ici, dans ses toiles brodées, nattes, tresses, fichus s’arborent comme autant de revendications et de moyens d’affirmation de leur individualité.
C’est ainsi qu’en abordant les méandres de ces quêtes identitaires, ces deux artistes invitent à défier les a priori collectifs et les schémas d’une altérité excluante, et ouvrent une réflexion sur le futur qu’on se souhaite. Car, comme le dit Angela Davis: « Hope is a discipline ». Oui. Chez ces deux artistes, plus qu’un espoir au sens passif, c’est un plaidoyer en faveur de la force que l’optimisme requiert. Un appel à savoir puiser le beau dans l’éclatement et, finalement, à se reconnaître dans le tréfonds des luttes intérieures de chacun.
Les expositions et évènements connexes sont gratuits.
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Vernissage
Photos de Clara Watt
Catalogue d'exposition
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