Vernissage: 29 août, 19h - 21h, en présence de l'artiste
Artist talk avec Bansoa Sigam et Olga Yaméogo: 30 août, 18h30 - 19h30
À travers son objectif délibérément flou, Olga Yaméogo révèle ses sujets— souvent des ami.e.s ou membres de sa famille —mettant l’accent sur le mouvement plutôt que sur un moment figé. Le titre de l’exposition, Filiations, fait référence aux notions de légitimité dans les relations entre humains et terres, telles qu’elles sont exploréesdans le travail de Édouard Glissant (1928-2011). Yaméogo cite en effet fréquemment le poète et philosophe antillais, qui développa le concept de la créolisation du monde.
Yaméogo se reconnaît dans cette créolisation, qu’elle décrit comme un « métissage qui n’est pas que territorial ou de lien de sang, mais surtout culturel ». Glissant invite en effet à revisiter la notion de filiations à travers le prisme du Tout-Monde : là où humains, animaux, paysages, cultures et spiritualités se relient dans un état constant d’échange et de flux. Le mot filiation évoque les liens de parenté et de succession, et Glissant met en garde contre les cultures qui justifient de leur droit de propriété sur la terre à travers une filiation divine. À l’image des sociétés composites antillaises issues de la colonisation, Glissant voit la créolisation comme un modèle pour comprendre le monde moderne, où la dématérialisation et les marchés rendent possible le contrôle sur un territoire sans l’occuper. Désormais les filiations ne représentent ni droit de terre ni lien de sang, et Yaméogo se réapproprie le terme pour examiner des relations identitaires plus profondes entre humains et territoires.
Ce sont les filiations multiples de ces personnes en mouvement que Yaméogo cherche à partager. À travers le monde, d’innombrables migrants déambulent, chacun avec son identité culturelle multifacette, façonnée à travers différents pays, langues, cultures et citoyennetés. La question « D’où venez-vous ? » implique la fuzzy logic, une logique floue, où toutes les réponses sont en partie vraies et en partie fausses. Comment exprimer la somme de notre identité, d’où nous venons, d’où viennent nos parents, où nous avons vécu, où se trouvent nos amis et notre famille ? Comment le refléter sur un papier d’identité? En obscurcissant les visages de ses sujets, Yaméogo évoque leurs histoires avec respect et sensibilité, sans les surexposer.
Les histoires personnelles et les relations de Yaméogo sont ressenties plutôt que comprises, suggérant les voyages et les connexions qui nous lient à travers le Tout-Monde. Ces filiations reposent sur des liens de confiance, non sur le sang ou les papiers, et sont une réplique aux frontières modernes qui visent à contenir et diviser, plutôt qu’à marquer les transitions d’un paysage à un autre. Dans les peintures de Yaméogo, on reconnaît une logique floue et scintillante, célébrant les définitions fluctuantes de l’identité et le tremblement du monde. Elle capture sur toile la nature évanescente d’un individu en mouvement perpétuel tels les battements d’ailes d’un colibri, mouvements à la fois physiques et métaphysiques. Les membres flous en mouvement esquissent la mémoire des lieux traversés, afin de nous rappeler que la d é a m b u l a t i o n permet de bouleverser nos points de vue.
Texte de Rosie Cook
Avec remerciements à Karen Seegobin et Bansoa Sigam
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Vernissage
Photos de Clara Watt
Catalogue d'exposition
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