Ce que nous appelons « monde virtuel » ne se limite pas au numérique ou aux univers de jeu : il englobe ces zones spirituelles, mémorielles et imaginaires qui façonnent discrètement notre rapport au réel. À travers quatre artistes d’horizons variés, cette exposition propose un voyage où l’héritage culturel, la quête intérieure et les enjeux contemporains se croisent.

Senayt Santoro, Drifting Treasures #8 (2024)
Christelle Adjetey compose des « cartographies intérieures » faites de motifs qui s’entrelacent, explorant le lien entre le tangible et l’immatériel. Eliane Aïsso, inspirée par le patrimoine béninois et les mots de Birago Diop « Les morts ne sont pas morts », interroge la continuité entre vivants et disparus, tout en appelant à une « civilisation de l’Univers » ouverte à l’échange. Kemboury Bessane se penche sur l’ambivalence du digital : un espace susceptible de rapprocher les individus autant que de menacer leurs repères culturels. Enfin, Senayt Santoro nous entraîne sur les flots avec sa série The Power of Water, où l’espoir d’un ailleurs se confronte à la dure réalité migratoire.

Christelle Adjetey, Inner World (detail) (2024)
En soulignant la porosité entre réel et invisible, Le monde virtuel nous rappelle que nos perceptions, toujours en mouvement, peuvent révéler la complexité d’un monde en perpétuelle évolution.
Texte curatorial (cliquer ici pour télécharger le catalogue d'exposition) :

Vernissage
Photos de Clara Watt
















Dans son installation Présence de l’Absent, Aïsso interroge la représentation du féminin dans les traditions ancestrales béninoises, en réimaginant les asen, ces autels portatifs qui servent de lien entre les vivants et les morts. L’installation abrite un espace de recueillement, inspiré du culte des ancêtres dans la tradition vodoun. Traditionnellement forgés en métal, les asen deviennent ici organiques : en remplaçant le fer par le bois et le textile, l’artiste revendique la place des femmes dans la mémoire et la transmission culturelle. À travers cette œuvre, Aïsso repense à la fois la signification historique et la matérialité des asen, détournant un objet sacré marqué par des codes masculins pour réinscrire la femme, porteuse de vie, au cœur des racines de sa culture béninoise.


